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Page:Descaves - La Vie douloureuse de Marceline Desbordes Valmore.djvu/214

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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

La pauvre femme écrivait cela dans sa chambre humide, au bruit d’une roue qui tournait dans la cour pour faire des sorbets, et sous les torrents d’eau qui tombaient depuis quinze jours ! En septembre ! À Milan ! Si bien que l’on attend presque d’elle, à qui Verlaine doit déjà tant, les vers qu’il écrira plus tard :


  Il pleure dans mon cœur.
  Comme il pleut sur la ville !


Comment, par qui sont-ils sauvés ?

Sainte-Beuve répond : par Mlle Mars qui joua à leur bénéfice avant de partir ; par un quartier de sa pension que reçut Mme Valmore, et par la vente du superflu de leurs bagages.

Ils partent, enfin. Marceline a obtenu de revenir par le Simplon et par Genève, où vécut son grand-père, l’horloger fantasque, dromomane, dirait-on aujourd’hui, pour caractériser un goût de vagabondage assez répandu, paraît-il, chez les Genevois. Rousseau vérifie cette remarque et Ton assure qu’il avait de qui tenir.

Mais, à Genève, autre avanie ! Valmore et sa famille furent poursuivis par une foule hostile qui criait : À bas les Français ! pour venger sur les infortunés l’injure faite à la Suisse par Louis-Philippe, qui voulait la contraindre manu, militari, à expulser de son territoire le prince Louis-Napoléon.

La diligence les recueillit de nouveau silencieux, perplexes et repliés.