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LA MÈRE

Latouche, congédié, se vengea, d’ailleurs, assez mesquinement. En possession d’un portrait de Marceline qu’elle lui avait offert, en plus des épigraphes, pour le remercier de ses bons offices, il renvoya le portrait à qui ? À Valmore ; et derrière le portrait il colla une lettre rappelant à Marceline qu’il s’était entremis, un jour, pour la faire pensionner [1].

Mme Valmore, qui n’avait pas suivi son mari à Lyon en 1839, alla le voir à Bruxelles où il retourna en 1840.

C’était au moment où elle pouvait faire les frais d’un voyage. Non pas que sa littérature le lui permît. Elle avait retiré peu de chose de son roman Violette, publié en deux volumes chez un de ces éditeurs infortunés auxquels sont voués les auteurs pauvres eux-mêmes. Mais Villemain n’avait pas

  1. Puisque l’on a mêlé l’ironie au débat, pourquoi ne pas ajouter que Latouche devait bien cette pension à la femme de laquelle il avait eu deux enfants ? On ne s’est pas contenté, en effet, du fils né en 1810 ; on a insinué galamment que Latouche pourrait bien être aussi le père d’Ondine, vu qu’elle s’appelait réellement Hyacinthe comme lui ! Si bien qu’il aurait été amoureux de sa fille !

    Mais du personnage quoi d’étonnant à cela ? Il n’avait jamais plaint la dépense. On présume qu’il connut Marceline à son retour de Bruxelles en 1808. Or, il avait épousé le 7 novembre 1807 Mlle de Comberousse. Il ne vécut que peu de temps avec elle, dit-on. Il ne lui donna pas moins, la première année de leur mariage, un fils nommé Léonce, qui mourut, âgé d’une dizaine d’années, en 1817. Et c’est dans le même temps exactement qu’il aurait rendu mère Marceline, après avoir courtisé Délie. Ne cherchons plus le nom du séducteur : c’est Don Juan.