Aller au contenu

Page:Descaves - La Vie douloureuse de Marceline Desbordes Valmore.djvu/273

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
251
LA MÈRE

À Pauline Duchambge, elle disait, d’autre part :

La pauvreté pesante est comme le soleil d’Italie. J’ai le travail en aversion. Il est si inutile, d’ailleurs, si impossible parmi les soins d’un ménage qui se défait de plus en plus…

Et ce cri d’une ouvrière à domicile :

Ne pouvoir vivre du travail de ses jours et de ses nuits, n’est-ce pas étrange ?

Comme si ce ne fût pas encore assez, la mort frappait coup sur coup à son cœur en lui enlevant successivement sa sœur Eugénie (septembre 1850) ; sa vieille amie Caroline Branchu, le mois suivant ; enfin, au mois de mai 1851, ce frère chéri à qui elle pardonnait son parasitisme, comme elle pardonnait, chrétiennement, à ceux qui l’avaient exploitée, offensée ou meurtrie.

Que dis-je ! Elle s’adressait des reproches !

Être devenue assez pauvre pour ne pas l’avoir, garanti jusqu’à la fin des dangers de son imagination ! Me savoir si ruinée l’aura tué silencieusement et je ne pouvais plus le tromper, quand il nous fallait si peu pour lui faire accroire que nous ne manquions de rien !


L’arche avait été si secouée que Marceline était à peine attentive au départ définitif de la colombe, annonçant la fin du déluge.

En janvier 1851, Ondine avait épousé un avocat, Jacques Langlais, député de la Sarthe.