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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

Les appointements de Valmore, joints à ce qu’elle pouvait gagner et à sa petite pension, ne laissaient irréalisé qu’un rêve : loger moins haut… À la fin de 1853, elle fit son dernier déménagement, le quatorzième en vingt ans, et quitta la rue Feydeau pour aller demeurer 73, rue de Rivoli, au cinquième. Balcon, bien entendu.

C’est alors qu’elle écrivait à Louise Babeuf :

J’ai dû consacrer mes forces à chercher un appartement ou quelque chose qui y ressemble, dans ce moment où l’on se dispute l’espace pour respirer. Que je vous plains si vous passez par les fatigues et les difficultés que je viens de souffrir pour acquérir enfin le droit d’habiter les honnêtes gouttières où il nous faudra monter pour rester au nombre des habitants de Paris. Le prix n’est pas croyable de ce coin à quatre-vingt-quinze marches au-dessus du sol, par un escalier en échelle appelé de service. Mille francs pour ce champ d’asile. Tout le reste allait à rien de moins que quinze, seize et dix-huit cents francs pour nous loger sous les combles, à quatre que nous sommes.


Peut-être la pauvre femme, si vaillante encore à plus de soixante-cinq ans, eut-elle supporté victorieusement l’épreuve de l’ascension ; mais, épuisée par des années de luttes quotidiennes, elle était sans forces contre le coup de grâce d’un implacable destin.

Au mois de février 1853, Ondine, devenue Mme Langlais, mourait après deux ans de mariage, tuée par le même mal auquel avait succombé sa sœur. Tous les jours, la mère portait