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LA MÈRE

Est-ce que le poète qui a signé ces vers n’en annonce pas un autre, Mme Mathieu de Noaiiles, la seule femme, depuis Marceline, qui ait eu ses dons souverains, sa spontanéité, « sa puissance d’orage » ?

Et voici les derniers jours. Ce n’est plus que dans son cœur que cette sœur laïque des pauvres va souffrir. Mais elle qui n’a rien fait à demi, souffrira sans relâche pendant deux ans, lentement dévorée par une bête de proie : le cancer.

Son fils nous l’a dit, ce fut pour cette plaintive le moment de ne plus se plaindre, de refouler ses cris, de laisser l’affreux carnassier la déchirer et la rendre au néant par lambeaux. Elle fut héroïque pour les siens, que ses gémissements eussent empêchés de dormir. Elle songeait qu’ils travaillaient, qu’ils avaient besoin de repos, besoin d’elle aussi, et elle s’arrachait de son lit pour vaquer au ménage.

Je me suis levée aujourd’hui pour ne pas affliger Hippolyte et son père en me voyant au lit. Quand je ne les sers pas à table, ils sont désorientés.


Elle leur donnait le change. Elle avait trouvé — enfin ! — un éternel sourire pour rassurer Valmore qui pleurait, allait, d’une chambre à l’autre, comme une âme en peine. Et quand ils n’étaient