Où prendre une voix pour les entraîner à ce bonheur ? Je n’ai pas encore vu quelqu’un y réussir. Il y a bien longtemps qu’à cet égard j’ai replié mes ailes buissonnières[1].
Ils vivaient coude à coude, sous une lampe ; quand Marceline eut disparu, le père et le fils ne changèrent rien à leur existence, rapprochèrent la lampe de leurs fronts penchés et, chaque soir, firent revenir l’absente entre eux en relisant sa correspondance, en feuilletant ses albums, en respirant son âme immortelle.
Un marchand m’a dit que le fils pieux retenait d’avance tous les autographes qu’on pouvait retrouver de sa mère et qu’il emportait comme un trésor ses acquisitions. Il refaisait le nid, plume à plume ; mais l’oiseau était à jamais envolé ! Certains soirs, cependant, quelques vers murmurés donnaient aux deux veufs l’illusion d’un battement d’ailes[2]…
Pauline Duchambge, octogénaire, s’en alla peu de temps avant son amie, à qui l’on cacha sa mort ; puis ce fut la Bigottini, une autre amie souvent obligeante, qui partit à son tour.
Et pendant une année encore, clouée au lit par le vautour qui faisait durer son repas, Marceline, seule toute la journée, trompa la souffrance et l’attente en causant avec « ses chers pleurés ». Ils revenaient du fond de son enfance, de la maison