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Page:Descaves - La Vie douloureuse de Marceline Desbordes Valmore.djvu/61

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LA JEUNE FILLE

peut-être aussi le viatique d’une amie qui avait joué la comédie. La dame ne donna point d’argent, mais elle proposa à Catherine Desbordes le moyen de s’en procurer, d’abord pour vivre : c’était de faire fructifier, au théâtre, l’intelligence précoce, la voix musicale, les cheveux d’or, le physique expressif enfin de Marceline, âgée alors d’une douzaine d’années.

L’excellente mère se fit prier. Dans une histoire dont sa fille a fourni, sans contrôle, tous les éléments, il allait de soi que Catherine se fît prier et ne cédât que la mort dans l’âme. Tout, pour elle, en d’autres termes, était préférable à l’humiliation de rentrer à Douai, l’aile basse, et de reprendre sa place au rouet, qui, pointant, donnait toujours, lui, le pain quotidien.

Marceline débuta-t-elle à Lille même, à quelques lieues de sa ville natale ? Il faut le croire, puisqu’elle l’a dit à son mari qui l’a cru et le répète, dans la note précitée. Mais les preuves manquent. Il ajoute, de confiance encore, qu’elle fut ensuite engagée, pour tenir l’emploi des ingénuités, à Rochefort, puis à Bordeaux, renseignement qui situe les ports de mer mentionnés par Marceline dans le passage d’une de ses lettres que nous avons reproduit.

À Bordeaux, elle fut, disait-elle, maltraitée par une directrice insolvable, et la pauvre petite allait, ainsi que sa mère, mourir d’inanition, lorsque la visite providentielle d’une jeune camarade de théâtre, les avait toutes deux ranimées.