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Page:Descaves - La Vie douloureuse de Marceline Desbordes Valmore.djvu/83

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LA JEUNE FILLE

Taxer Mme Valmore de dissimulation serait injuste, car sauf le nom du père de cet enfant et quelques circonstances de temps et de lieu, elle ne nous a rien caché de son roman d’amour, elle nous le raconte tout entier dans les Élégies qui composent le tiers de son premier recueil de vers, paru en 1819.

C’est, d’abord, le piège qu’elle reproche À Délie de lui avoir tendu.

Par un badinage enchanteur,
Vous aussi, vous m’avez trompée !
Vous m’avez fait embrasser une erreur ;
Légère comme vous, elle s’est échappée.
Pour me guérir du mal qu’Amour m’a fait.
Vous avez abusé de votre esprit aimable,
Et je vous trouverais coupable,
Si je pouvais, en vous, trouver rien d’imparfait.
Je l’ai vu, cet amant si discret et si tendre ;
J’ai suivi son maintien, son silence, sa voix…
Ai-je pu m’abuser sur l’objet de son choix ?
Ses regards vous parlaient et j’ai su les entendre.
Mon cœur est éclairé, mais il n’est point jaloux.
J’ai lu ces vers charmants où son âme respire ;
C’est l’Amour qui l’inspire
Et l’inspire pour vous…
Pour vous aussi, je veux être la même,
Non, vous n’inspirez pas un sentiment léger :
Que ce soit d’amitié, d’amour que l’on vous aime
Le cœur qui vous aima ne peut jamais changer.

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