Page:Descaves - La Vie douloureuse de Marceline Desbordes Valmore.djvu/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
77
LA JEUNE FILLE

Dans la pièce suivante : les Deux Mères elle insiste, débride la plaie de son cœur.

N’approchez pas d’une mère affligée,
Petit enfant, je ne sourirai plus,
Vos jeux naïfs, vos soins sont superflus,
Et ma douleur s’en sera pas changée.
… Courez vers votre mère ;
Portez-lui votre amour, vos baisers et vos fleurs ;
Ces trésors sont pour elle, et pour moi sont les pleurs.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . .


Ne foulez plus cette herbe où se cache une tombe ;
D’un ange vous troublez le tranquille sommeil ;
Dieu ne m’a promis son réveil
Qu’en arrachant mon âme à mon corps qui succombe !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . .


Et vous qui m’attristez, vous n’avez en partage
Sa beauté, ni sa grâce où brillait sa candeur :
Oh ! non, petit enfant, mais vous avez son âge ;
C’en est assez pour déchirer mon cœur !

Il a fallu, cependant, que M. Rivière, averti par ce passage d’une lettre de Marceline à son frère, prisonnier en Écosse, lettre du 3 mars 1813 accompagnant l’envoi d’un napoléon : « C’est un enfant beau comme le jour, qui a deux ans et qui se nomme Eugène, qui me l’a remis pour toi. N’oublie pas ce nom-là ; » il a fallu, dis-je, que M. Rivière fît rechercher et publiât l’acte de décès de l’enfant, pour qu’on retrouvât sa trace non pas dans ces deux Élégies seulement, mais dans celles-ci encore, dont s’augmente l’édition de 1820 :