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Page:Deschamps, Émile - Œuvres complètes, t1, 1872.djvu/24

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OUEVURES D'ÉMILE DESCHAMPS


Sa ceinture et la déploie,
Et dit : Mesurons nos pieds.

Le ruban court sous les branches,
Et Florinde, Dieu merci,
Même au dire des moins franches,
A les jambes les plus blanches
Et les mieux faites aussi.

Chacune, à l’instant, dénoue
Ses cheveux bouclés et longs ;
Le vent les berce et s’y joue :
Ceux de Florinde, on l’avoue,
Sont les plus beaux, ils sont blonds.

Et ces filles ingénues
Croyaient les hommes bien loin,
Et leurs grâces inconnues
Se révélaient, presque nues.
Aux yeux d’un ardent témoin.

Caché sous sa jalousie
Le roi Rodrigue peut voir,
Libres dans leur fantaisie,
Ces nymphes d’Andalousie
Sous les ondes se mouvoir.

Toutes, jusqu’à la dernière,
Pievinrent enfin par là ;
Florinde marchait derrière ;
Le roi, d’un ton de prière.
De son balcon lui parla :

« Viens, Florinde ! mes yeux t’ont vue, et mon cœur aime !
Mon sceptre avec orgueil s’incline devant toi ;
La suprême beauté vaut la grandeur suprême ;
Pour tomber à tes pieds c’est trop peu d’être roi.
 
« Viens ! ou je vais mourir... .Te veux que les duchesses
Sur leurs pliants dorés pâlissent à ma cour,