Page:Deschamps, Émile - Œuvres complètes, t4, 1873.djvu/111

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ACADÉMIE FRANÇAISE. 101 On aime avoir un beau talent à Tiiommequi ne sépare point la littérature de la philosophie, ni la philosophie de la religion. Il est fâcheux que les concurrents n’aient pu entendre M. le secrétaire perpétuel avant de composer leurs pièces; ils auraient sans doute envisagé leur sujet de plus haut, et se seraient plongés plus profondément dans ce qu’il a de poétique et de moral. Le concours de cette année n’a pas été, à beaucoup près, aussi brillant que celui de 1822, qui comptait au nombre des vaincus les poèmes de M. Pichald et de mademoiselle Delphine Gay ! A la place de l’Académie, je ne voudrais jamais d’autres vainqueurs. La pièce couronnée est de M. Chauvet, qui, l’année dernière, avait obtenu le premier accessit. Les connais-- seurs y ont remarqué beaucoup d’élégance et de correc- tion, souvent une heureuse précision dans les vers, et une harmonie de style habilement soutenue. Quelques pensées fortes, quelques traits de senti- ment puisés dans le cœur du sujet, ont été vivement applaudis, tels que ce vers sur de vieux nègres qui cherchaient à s’opposer à l’enlèvement de leurs fa- milles : On les égorgea tous;... qui les eût achetés! Et ceux : C’en est assez, cruels, achevez vos victimes, Différer leur trépas, c’est prolonger vos crimes! Et cette réponse d’une jeune esclave au maître farouche qui la poursuit de son féroce amour : Moi, trahir mon épous ! mon époux dans les fers! Ah! plutôt, insensé, tu verras, lui dit-elle, L’ange blanc de la mort m’enlever sur son aile. VAnrje blanc de la mort! c’est bien le mot d’une noire. Il faut pourtant convenir que, dans son ensemble, la lecture de cette pièce a été un peu froidement écoutée. .