Page:Deschamps - Études françaises et étrangères, 1831, 5e éd.djvu/390

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Leur verte chevelure, et l’espoir de leurs fruits,
Et des vents alentour les ineffables bruits ;
Il s’émeut, il sourit, il semble qu’il renaisse,
Devant tant de fraîcheur, de force et de jeunesse.
Ainsi je fus heureux, quand, je ne sais pourquoi,
Les poètes nouveaux vinrent tous jusqu’à moi ;
Oracles dédaignés, rois méconnus naguère,
Levant leur sceptre enfin et foulant le vulgaire ;
Chênes puissants, grandis sous les vents orageux,
J’ai suivi leurs combats et j’assiste à leurs jeux.
Leurs triomphes, leurs chants m’enivrent, je les aime
De tous ces dons du ciel, que je n’ai pas moi-même.
Poète ! c’est ainsi que je t’aurais aimé
Un front timide, avec un regard enflammé,
Un sourire, à bien voir, plus triste que les larmes,
Laissant tomber tes vers, comme un guerrier ses armes
Quand, sûr de la victoire, il s’endort triomphant ;
L’âme d’un philosophe et le cœur d’un enfant,
Enthousiaste et froid, amoureux et stoïque,
Faible athlète, pourvu d’un courage héroïque,
Offrant contre les sots, sans l’avoir consulté,
Le secours du génie au génie insulté ;