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à Guillaume Tell est immense. On ne peut s’expliquer que par l’esprit d’imprudence et d’erreur, la négligence ou l’oubli du Théâtre-Français à l’égard d’un tel ouvrage. Si le nom de Pichat, si l’intérêt de l’art sont peu de chose pour le comité, du moins devrait-il comprendre son propre intérêt ; mais non : Guillaume Tell a eu son triomphe sur tous les théâtres ; l’Opéra, qui est si habilement dirigé maintenant, lui en prépare un qui effacera tous les autres ; et la Comédie-Française ne se réveille point de son apathie ! La première pensée du ministre de l’intérieur a été pour Pichat mourant ; son premier soin a été de délivrer Guillaume Tell des chaînes de l’ancienne censure qui l’opprimait comme un autre Gessler ; pour la première fois, depuis bien long-temps, on a vu le pouvoir aller au-devant du talent : les Muses sont filles de mémoire, elles ne l’oublieront pas. Espérons que le Théâtre-Français se souviendra enfin que ses cartons renferment une belle tragédie d’un poète trop tôt pleuré, et que le public l’attend.

Ce qu’on a déjà fait pour Schiller, nous le réclamons hautement pour Shakspeare. S’il avait encore besoin d’apologie auprès de quelques esprits timorés, qu’ils lisent les belles et éloquentes leçons de M. Villemain sur ce créateur