Page:Deschamps - Études françaises et étrangères, 1831, 5e éd.djvu/63

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de tous, et reste sourde aux réclamations qui vont s’élever de toutes parts. Les arts libéraux, ainsi que l’indique assez leur nom, ne vivent que de liberté. La concurrence est la meilleure protection. Certes, si un théâtre nouveau pouvait s’ouvrir, sous la direction d’un entrepreneur intelligent, sans comité de lecture ni d’administration, sans cet encombrement d’ouvrages reçus depuis trente ans et vieillis avant de naître, avec des acteurs jeunes, disposés à jouer tous les rôles, en étudiant la pantomime expressive et la déclamation naturelle des grands acteurs anglais, les seuls qui, depuis Talma, nous aient fait éprouver des émotions tragiques, avec la ferme volonté de ne représenter, en fait de pièces nouvelles, que des pièces vraiment neuves et d’un caractère homogène ; certes, un pareil théâtre n’aurait pas besoin d’autres secours que son travail et sa bonne organisation, et il y aurait dans tout cela quelque chose de fort et de vital qui ne ressemblerait guère à la végétation expirante, à la fécondité caduque qui poussent et se perpétuent encore aux quinquets de nos coulisses.

Lorsque la grande épreuve de Shakspeare aura été faite, lorsque notre public connaîtra la plus belle poésie dramatique des temps modernes, comme il a appris celle des temps antiques