Page:Deschamps - Œuvres complètes, tome 6.djvu/13

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Ainsi allégée, l’œuvre n’en restait pas moins fort laborieuse. Notre aimable et consciencieux confrère n’y épargnait pas sa peine. Il passait de longues heures à la Bibliothèque nationale, à collationner d’abord la copie qu’il faisait faire, puis les épreuves, dont il demandait plusieurs l’une après l’autre et dont il gardait chacune longtemps pour la revoir ; il s’appliquait à bien saisir dans tous les détails le sens des pièces qu’il imprimait pour les ponctuer d’une manière appropriée et leur donner un titre convenable (autre manière, à laquelle il tenait non sans raison, de faciliter la lecture) ; il fouillait les lexiques, trop souvent en vain, pour y trouver la valeur exacte des mots difficiles. Ce qu’il me fallait surtout admirer en lui, c’était la bonne grâce, et, si l’on me permet le mot, la docilité reconnaissante avec laquelle il s’efforçait de suivre les conseils qu’on se permettait de lui donner et il acceptait les observations qui lui étaient faites, parfois, j’ai regret de l’avouer, avec quelque brusquerie. Une note, une brève indication, un point d’interrogation ou d’exclamation jeté sur une feuille d’épreuve le faisait reprendre son travail, réfléchir et chercher de nouveau, sans jamais montrer ni impatience, ni ennui, remerciant toujours au contraire et demandant à son commissaire plus d’attention et de sévérité. Aussi avait-il fini par être beaucoup plus maître de la langue et du style de Deschamps qu’il ne l’était au début, et les observations qu’il réclamait, loin de s’accroître, devenaient avec