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Page:Deschamps - Essai bibliographique sur M. T. Cicéron, 1863.djvu/17

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qu’il apprit que le farouche Sylla assiégeait la cité de Minerve : — « Ah ! dit-il, il ne la prendra pas, si véritablement il est digne de son surnom, l’heureux Sylla ! »

Bientôt rassuré sur les destinées d’Athènes, il trembla pour les destins de Rome. La ville était un champ clos de confiscation et de carnage, où, tour à tour, Marius et Sylla, régnant et gouvernant sur un monceau de cadavres, distribuaient à leurs partisans les fortunes convoitées. Quelle époque ! et l’odieux spectacle à des regards enivrés, charmés du génie et de la civilisation d’autrefois ! Désormais, pour l’Orateur, plus de silence en cette ville ameutée, et plus de ces douces journées, où l’étude et la méditation accomplissaient, sous des lois clémentes, leurs plus doux chefs-d’œuvre. O Rome arrivée aux abîmes par l’excès de la toute-puissance ! O libertés d’autrefois, que les brigands ont souillées de leurs trahisons et de leurs crimes ! C’en est fait ! La tribune est renversée ; on n’entend plus que le cri des bourreaux, le cri des victimes. Trop heu-