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Page:Deschamps - Essai bibliographique sur M. T. Cicéron, 1863.djvu/40

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En ce moment suprême, où la terre et les mers lui étaient fermées, abandonné par ce jeune homme, qu’il avait tant aimé, servi, protégé, défendu, et qui se déshonorait en le livrant aux vengeances d’Antoine, Cicéron quitte enfin sa chère demeure, et s’en vient, suivi de quelques esclaves et précédé (ô prodige raconté par Plutarque !) par les corbeaux du temple d’Apollon, jusqu’à sa maison de Caiète, un séjour agréable en été. Là, il voulait se recueillir une dernière fois ; là, il voulait mourir, sans hâte, en vrai sage, et dignement, comme il avait fait toute chose… Hélas ! avant d’atteindre à ces doux ombrages, il rencontra les sicaires de Marc-Antoine : Herennius le centurion, et le tribun Popilius Lénas, un ancien client de Cicéron, qui l’avait sauvé du supplice des parricides. A l’aspect de Lénas, le dégoût le prit de la fuite, et de défendre encore sa vie ! Alors, sans mot dire, avec un geste méprisant, ce grand homme tendit la tête aux assassins, et Popilius Lénas, doublement parricide, ayant abattu cette tête éloquente.