Page:Deschamps - Essai bibliographique sur M. T. Cicéron, 1863.djvu/75

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Les lettres de Jornandès[1] prouvent que chez les Goths et les Visigoths, au cinquième et au sixième siècle, on lisait assidûment les classiques latins, et que Cicéron jouissait parmi ce peuple, à peine au début de la civilisation, de tous les honneurs dus au prince des orateurs.

Cassiodore le possédait : Isidore de Séville le cite à toutes pages dans son livre des Étymologies et dans ses lettres à l’évêque Braulion.

Saint Loup (nous croyons qu’il a été canonisé), évêque de Ferrières en Gâtinais, écrit au pape Benoît III, au milieu du neuvième siècle, une lettre que l’on a heureusement conservée : il le prie humblement de vouloir bien faire remettre à deux de ses religieux, qu’il expédie à Rome à cet effet, le traité de Cicéron, de Oratore, et deux autres ouvrages qu’il ne possède qu’incomplets, promettant de les restituer, après transcription, avec une scrupuleuse fidélité.

Dans une autre lettre adressée à Régimbert, il le supplie de lui rapporter d’Italie : Catilinarium et Jugurthinum Salustii, librosque Verrinarum ; et il ajoute : et si alios vel corruptos nos habere, vel penitus non hahere cognoscitis, nobis afferre dignemini, ut vestro beneficio vitiosi corrigantur.

  1. Les manuscrits de Jornandès furent retrouvés dans une obscure librairie d’Allemagne, par Æneas Sylvius Piccolomini, qui monta sur la chaire de saint Pierre sous le nom de Pie II.