Page:Deschamps - Jubilé de Shakespeare, 1864.djvu/12

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la deuxième sorcière.

Que le tronçon d’un serpent des marais
Avec le jus du serpent cuise et roule ;
Ajoutons-y d’abord un œil de poule,
Le fiel d’un bouc, trois dents de louve après ;
Puis le duvet de la souris volante ;
Un dard d’aspic, une aile de hibou ;
Un pied de porc, la cervelle d’un fou,
Et le polype, à moitié bête et plante.
Faisons bouillir le coulis infernal ;
Formons un charme invincible et fatal.

toutes trois.

Redoublons de travail, que le feu tourbillonne ;
Soufflons, et qu’à grand bruit la chaudière bouillonne !

la troisième sorcière.

Les écailles d’un dragon vert,
Une langue de chien, une taupe endormie,
Un vieux œuf, des morceaux de sorcière en momie,
L’estomac d’un requin ouvert,
Une racine de ciguë,
Arrachée, à minuit, par une bise aiguë ;
Une cuisse de grand lézard,
Onze branches d’un if, abattu sur la dune
Pendant une éclipse de lune,