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Page:Deschamps - Marivaux, 1897.djvu/115

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JEUNES FILLES.

« l’amitié naît sur le chevet ». Or, chez Marivaux, c’est l’amour qui mène tout et qui a le dernier mot.

Mme Argante a déniché, dans une gentilhommière des environs, un hobereau, du nom d’Ergaste, qui est comme le type du prétendant agréable aux parents sérieux. C’est un jeune homme d’une quarantaine d’années. Il est riche, cela va sans dire. Il est sérieux. Il sera un gendre pour sa belle-mère, et un oncle pour sa jeune femme. C’est à merveille. Malheureusement, Angélique n’a jamais éprouvé pour ce monsieur que l’estime. Et l’estime s’accorde fort bien avec l’indifférence. Angélique le rebute, le raille, avec une désinvolture qui le rend presque sympathique. Il n’est point méchant homme. Il n’insiste pas.

Mais Mme Argante s’inquiète. Sa fille a des airs troublés et les yeux tantôt éveillés, tantôt languissants, toujours inquiets, bref une mine bizarre dont elle veut savoir la cause. Il ne lui est pas difficile de confesser Angélique et de connaître le secret de sa fièvre. « Mais c’est un roman que tout cela ! » s’écrie-t-elle. À quoi la jeune fille répond sans hésiter : « Moi, je n’en lis jamais de roman, et puis notre aventure est toute des plus simples ».

Cependant, la jeune étourdie continue le récit de ses péchés. Elle expose d’autant plus aisément l’état de son cœur, que Mme Argante offre de dépouiller, en quelque sorte, les attributs de la puissance maternelle, afin de n’être plus qu’une amie, une confidente. Seulement, ce partage de soi est impossible. Ce que la confidente vient d’apprendre, c’est la mère qui le blâme, du haut de son autorité, au nom de sa tendresse. Comme Mme Argante, malgré ses pré-