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Page:Deschamps - Marivaux, 1897.djvu/117

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JEUNES FILLES.

un si joli portrait de Dorante, que Mme Argante consent à voir le prétendant, en se donnant pour la tante d’Angélique. C’est, cause gagnée. Dorante est si galamment emperruqué, poudré, pomponné ! Il marche si bien, les mollets cambrés, sur ses talons rouges ! Et puis, rien ne rend si aimable que de se savoir aimé…. Mme Argante le morigène quelque peu. Elle lui tient (déjà !) des propos de belle-mère : « Les passions, monsieur, seraient bien à leur aise, si leur emportement rendait tout légitime ! » Finalement, elle ne veut point d’autre gendre. Et voici ce qui achève l’aventure au gré des personnes qui veulent que tout finisse bien. Ergaste, l’ennuyeux Ergaste, était (par hasard !) un oncle de Dorante, un oncle à héritage, le modèle des oncles. Non seulement, il renonce à Angélique, mais encore il jure de rester célibataire afin de léguer ses biens au jeune ménage. C’est trop de dévouements à la fois. Dorante et Angélique ne peuvent même pas s’en apercevoir. Ils sont trop occupés à se faire les yeux doux. Les amoureux sont égoïstes.

Dans ce drame bourgeois, il y a un caractère de jeune fille, selon le cœur de Marivaux. Une tendresse exempte de niaiserie, beaucoup de raison avec beaucoup de passion, des idées sérieuses sous des airs frivoles, une humeur enjouée et divinement sage, du bon sens et de la fantaisie, par-dessus tout un remarquable esprit de suite, telles sont les qualités d’Angélique, telles sont aussi celles de Silvia, dans le Jeu de l’Amour et du Hasard, et celles d’Hortense, la charmante héroïne du Petit-Maître corrigé.