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Page:Deschamps - Marivaux, 1897.djvu/87

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l’académie.

L’auteur de la Henriade et de Zaïre voulait être de cette Académie dont il a dit : « C’est l’objet secret des vœux de tous les gens de lettres, c’est une maîtresse contre laquelle on fait des chansons et des épigrammes jusqu’à ce qu’on ait obtenu ses faveurs, et qu’on néglige dès qu’on en a la possession ». Il remua comme un diable dans un bénitier, et dérangea tout le monde, y compris le roi. Le duc de Richelieu était son patron. Cet excès d’intrigue nuisit à l’auteur de la Pucelle. Le patronage de Richelieu effraya les gens timorés. On sut que Voltaire avait fait parler au duc par la marquise du Châtelet qui avait été la maîtresse de ce duc, et avec laquelle lui Voltaire commentait alors Newton. Le scandale était trop fort. L’honnête Marivaux fut élu, le lundi 10 décembre 1742, par un assez grand nombre de boules blanches, après des menées laborieuses, que Mme de Tencin dirigea, et dont il serait oiseux d’indiquer le détail.

Marivaux fut reçu en séance solennelle le lundi 4 février 1743, en présence de vingt-six confrères dont les noms, exception faite pour Montesquieu, Fontenelle, Crébillon et Destouches, sont remarquables par leur obscurité. Le nouvel académicien, assis, selon la coutume, au bas bout de la table, se déclara, dans cette salle du Louvre qui s’appelle à présent la salle Puget, heureux et fier d’appartenir à la docte Compagnie. Il lâcha de louer son prédécesseur, l’abbé d’Houtteville, et se tira comme il put de cette ingrate besogne. Il n’eut pas autant de succès qu’un autre académicien qui fut reçu le même jour, et qui s’appelait le duc de Nivernois, grand