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Page:Deschamps - Old England, paru dans Le Temps, 26 mars 1899.djvu/19

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La préoccupation du mariage est naturelle aux femmes ; elle était commune à toutes les femmes, avant que le féminisme vînt inaugurer la mode des cheveux courts, des hanches étroites, des bustes plats (oh combien !) et des filles maigres qui se vantent, par principe, de rester célibataires. L’histoire de Catherine Morland est un tableau minutieux de tous les obstacles mesquins et douloureux que peut rencontrer, hors des fictions romanesques, dans la vie réelle, cette vocation qui sera bientôt démodée.

Je voudrais illustrer ce livre avec deux tableaux que j’ai vus au musée de South-Kensington et à la galerie Nationale. C’est d’abord une jeune fille, qui rêve, la tête appuyée sur sa main, les cils baissés, les yeux vagues. (Il n’est pas encore venu, ou Il est déjà parti.) C’est ensuite lady Cockburn, merveilleusement peinte par Reynolds, glorifiée par trois beaux enfants qui l’assiègent de leurs bras potelés sans troubler le calme de sa maternité souriante et superbe…

Telle est la solution que la vieille Angleterre – comme la vieille France – avait donnée au problème du bonheur.

Gaston Deschamps.