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Page:Deschamps - Old England, paru dans Le Temps, 26 mars 1899.djvu/4

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Mieux encore que les English traits d’Emerson ou que le suggestif Sydney Smith de M. André Chevrillon, la vue de ces toiles coloriées nous renseigne sur les habitudes, sur les idées, sur les sentiments anciens de nos voisins d’outre-Manche. Nous voyons, en raccourci, l’histoire pittoresque de ce grand peuple, avec lequel nous avons échangé tant de coups de fusil et tant de traités d’alliance, sans parvenir jamais ni à nous entendre complètement ni à nous brouiller tout à fait avec la vieille Angleterre.

Le peintre John Constable nous révèle, dans sa Ferme de la Vallée et dans son Champ de blé le décor opulent, le pays nourricier, la riche contrée verte où se perpétue et se multiplie la vigueur de la race anglo-saxonne. Regardez les petites toiles de ce maître. Regardez aussi, autour de lui, le Retour du marché de sir Augustus Calcott, un Abreuvoir de Georges Morland, les chênes magnifiques et les bruyères délicates du vieux Crome, les clochers et les maisonnettes de James Stark… Peu à peu, vous fixerez dans votre souvenir comme sur la plaque sensible d’un appareil photographique, une série d’images nobles, calmes et souriantes, parmi lesquelles on aimerait à installer sa vie, loin du vacarme des villes et de l’atmosphère malsaine des usines ou des bureaux.