Page:Deschamps - Poésie pour l’inauguration de l’école de Beethoven, 1857.djvu/8

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Tout homme à ses plaisirs se juge et s’apprécie,
Comme l’astre à ses feux et l’arbuste à ses fleurs.

Bref (et ce mot arrive après un bien long thème),
Mille adeptes déjà demandent le baptême
Qu’avec des chants sacrés on partage en ce lieu
Au nom de Beethoven, sous l’œil même du dieu.
Or, accourez, enfants ; accourez, jeunes filles !
L’hiver, pour six bons mois, ramène les familles,
Venez à nous. — Hélas ! au premier rossignol,
— Votre doux remplaçant — on verra de vos groupes,
Vers tous les points du ciel s’éparpiller le vol,
Nous laissant à l’état de commandants sans troupes !…
Qu’il sera long ici votre séjour là-bas !
Mais, au départ frileux des libres hirondelles,
Tous les ans, sous ce toit, vous reviendrez fidèles…
Quand la musique ordonne, on ne résiste pas.

Conseillère de foi, d’amour et d’héroïsme ;
Pure ivresse, où se prend l’être immatériel ;
Communion sonore où se tait l’égoïsme ;
Musique, le seul art des anges dans le ciel ;
Toi qui berces l’enfance et consoles de vivre ;
Musique, encens de l’âme, agréable au Seigneur ;
Langue sainte, où jamais ne germe un mauvais livre ;