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Le père Laurence.
Récit mesuré.


Mais vous avez repris la guerre de famille !…
Le jour où cet hymen en secret fut béni
Vit Tybalt expirant et Roméo banni.
                    (Au vieux Capulet.)
C’était Roméo seul que pleurait votre fille ;
Et dans l’aveuglement qui frappait vos esprits,
          Vous la forciez, malheureux père,
          D’épouser le comte Pâris !
C’est alors qu’elle vint me trouver : « Je n’espère
» Qu’en vous, me cria-t-elle, il me faut un moyen
» De fuir cet autre hymen… ou bien
Je me tue à vos pieds ! » — Dans ce péril extréme,
Je lui fis prendre, afin de conjurer le sort.
          Un breuvage qui, le soir méme,
Lui prêta la pâleur et le froid de la mort.
J’écrivis aussitôt à son époux fidèle
De rompre son exil pour venir là, près d’elle,
À l’heure où renaîtrait sa vie avec l’amour,
Et l’arracher, tremblante, à sa tombe d’un jour.
Quelque hasard retint mon message en sa route,
Et je venais, tout seul, ici la secourir…
Mais Roméo, trompé par mille bruits sans doute,
          M’avait devancé pour mourir
          Sur le corps de sa bien-aimée ;
Et, presque à son réveil, Juliette informée
De cette mort qu’il porte en son sein dévasté,
Du fer de Roméo s’était contre elle armée
          Et passait dans l’éternité
Quand j’ai paru ! — Voilà toute la vérité.


Les vieillards Capulets et Montagus (avec consternation).


Mariés ! ! !