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Page:Deschamps - Trois Satires politiques, 1831.djvu/21

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L’athénienne Florence, antique et noble ville
Montrant encor le sang de la guerre civile
Sur le mur crénelé que le temps a noirci,
Et les anneaux de fer du vieux palais Strozzi,
Et puis le Vatican et sa splendeur étrange,
Et Raphaël d’Urbin, et Dante, et Michel-Ange,
La campagne de Rome et ses grands horizons,
Ses terrains sillonnés de sublimes façons,
Et les beaux chênes verts, amour de la peinture,
Et l’Italie enfin et sa large nature ;
Et puis j’ai toujours là, présent devant mes yeux,
Ce prêtre en cheveux blancs qui tient la clef des cieux,
Sans puissance aujourd’hui, pauvre vieillard austère,
Accomplissant, muet, son divin ministère,
Et portant dans sa main le sceptre épiscopal,
Comme un marbre aboli tient le sceptre augural…
Adieu donc cependant, Naple, Rome, Florence,
Terre que je chéris ainsi qu’une autre France,
Et dont l’ardent soleil à la fin éveilla
Un feu qui dans mon sein trop long-temps sommeilla ;
Terre, dont la pensée à toute heure m’enivre,
Et pour laquelle, un jour, j’ai commencé ce livre ;