Aller au contenu

Page:Deschamps - Trois Satires politiques, 1831.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 34 —

Pour eux, dont le cœur vide obéit à la tête,
Dont le deuil est si long, et si courte la fête ;
Pour eux, tristes jouets de l’aveugle destin,
Qui sur leurs gradins verts vient les prendre un matin,
Les porte à la fortune avec un tour de roue,
Avec un autre aussi les jette dans la boue :
Papillons qui s’en vont, d’un vol précipité,
Se brûler au flambeau de la publicité ;
Puis, traînant l’aile, vieux, dans une solitude,
Se plaignent des partis et de l’ingratitude !

Alfred, ce n’est pas toi qui voudrais, à ce prix,
T’asseoir à leurs côtés, sous leurs vastes lambris,
Comme un cygne tombé dans un marais immonde,
Souiller ta plume blanche en la fange du monde,
Et mêler, pour la perdre en ce bruyant séjour,
Ta parole immortelle à leur fracas d’un jour !
Non, non, ce n’est pas là le poste du poète :
La muse chante au temple, ailleurs elle est muette.
Comme on fait aujourd’hui, toi, tu ne voudrais pas
Prostituer ta Ivre aux choses d’ici-bas :