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DE L’ÎLE DE PHILÆ.

sensible ; car elle n’équivaut qu’à une quatre-centième partie environ. Un style de vingt mètres de haut ne produirait qu’une ombre de cinq centimètres, ou moindre encore à raison de la pénombre ; mais si l’on pouvait observer à l’ancien puits de Syène, on n’en verrait plus qu’une moitié d’éclairée.

L’observation récente excède donc toutes les hauteurs qu’on avait jusqu’ici attribuées à cette ville. Parmi les anciens, c’est Ptolémée qui en avait le plus réduit la latitude, en la fixant à 23° 51′. Hipparque, qui comptait seize mille huit cents stades de l’équateur à Syène[1], et dans un degré sept cents stades, se rapprochait davantage de la vérité ; car ce compte suppose 24° de latitude à mesure que l’obliquité de l’écliptique diminuait, cette latitude était toujours supposée de plus en plus petite, par le préjugé qui attachait, en quelque sorte, Syène au tropique[2]. La conséquence de ce fait, et de la plus grande latitude de Syène aujourd’hui bien reconnue, c’est que l’origine de cette tradition astronomique remonte à une époque d’autant plus reculée, c’est-à-dire, à plus de trente siècles avant l’ère vulgaire ; c’est la plus ancienne observation du solstice dont le souvenir soit parvenu jusqu’à nous.

Ce n’est pas ici le lieu de rechercher comment, de la position de Syène, Ératosthène a conclu la longueur de l’arc du méridien en Égypte, ni d’apprécier la mesure que ce résultat lui a fournie pour la circonférence du

  1. Strab., Geogr. Paris, 1620 ; lib. 11, pag. 114.
  2. De tous les modernes, c’est Bruce qui a le moins mal fixé cette position, en lui donnant 24° 0′ 45″.