Page:Description de l'Égypte (2nde édition - Panckoucke 1821), tome 1, Antiquités - Description.pdf/396

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
207
DE L’ÎLE D’ÉLÉPHANTINE.

fondé depuis un temps immémorial par une colonie égyptienne, et que l’on venait consulter de toutes les parties de l’ancien continent ; Hérodote et tous les auteurs s’expliquent si formellement sur ce point, qu’il serait superflu d’y insister davantage.

Je ne partage donc pas l’avis des savans qui, pour expliquer le culte de Jupiter Ammon, ont regardé cette figure comme le symbole de l’équinoxe du printemps ayant lieu sous le signe du belier[1]. Il serait plus raisonnable (à examiner la couleur dont on a peint sa figure en Égypte) de rapporter ce culte au phénomène de l’équinoxe d’automne : en effet, à cette époque, la crue du Nil est à son maximum, et les terres d’Égypte sont couvertes par les eaux de l’inondation. Je ne veux pas assurer qu’on ait peint ce phénomène comme actuel par la couleur bleue qu’on voit sur la figure d’Ammon à Éléphantine, à Philæ ou ailleurs ; mais il est du moins plus vraisemblable qu’on a rappelé par cette peinture l’époque ancienne dont il s’agit, qu’il n’est à croire qu’on ait représenté par-là l’époque du printemps ; car en Égypte, le printemps est, de toute l’année, la saison la plus aride. On conviendra toutefois que le passage d’Eusèbe s’explique bien de cette façon ; et, à moins de le rejeter tout-à-fait, cette considération n’est pas à mépriser car on reconnaît généralement qu’Eusèbe, à part les idées et les opinions qui lui sont propres, a puisé dans de bonnes sources tout ce qu’il dit de l’Égypte.

Ce serait ici le lieu d’examiner le reste du tableau

  1. Voyez Jablonski, Panth. Ægypt. lib. II, cap. II, §. 5 et 7.