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DE L’ÎLE D’ÉLÉPHANTINE.

traduisait ou se faisait traduire les noms égyptiens, témoin ceux de Péluse, d’Aphroditopolis, d’Heliopolis, et bien d’autres dont il a le premier fait usage : or, comme je l’ai dit, Éléphantine est un mot formé d'ἐλέφας, qui est la traduction de fil.

Pline donne la position d’Éléphantine d’une manière qui serait inintelligible, si l’on s’en tenait à l’emplacement connu sous ce nom : Elephantis insula infra novissimu cataracten tria M passuum, et supra Syenen XVI[1]. Mais si l’on admet qu’à cinq ou six lieues au-dessus de Syène, ou même plus haut, les îles du fleuve portaient le même nom, alors ce passage s’explique naturellement ; c’est-à-dire que Pline, voulant parler de cette île qui est à trois milles au-dessous de la dernière cataracte, a confondu avec elle une autre île de même dénomination, placée à seize milles plus loin.

Le passage de Strabon qui place Philæ à cent stades de Syène semble former une difficulté contre la position admise pour cette île : cent stades, selon la mesure attribuée communément à cet auteur, font environ quatre lieues, et l’on n’en trouve que deux dans cet espace[2]. D’Anville n’a pas hésité à placer Philæ à quatre lieues de Syène, entraîné par l’autorité de Strabon ; mais d’Anville s’est trompé, et il faut admettre, ou que Strabon s’est servi du même stade qu’Hérodote, ou bien que la distance qu’il donne convient à une autre île de Philæ plus éloignée, tout en décrivant la principale qui renferme tant de monumens.

Étienne de Byzance place Philæ auprès de Tacomp-

  1. Plin. Hist. nat. l. V, c. 9.
  2. Voyez ci-dessus page 30.