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DES ANTIQUITÉS D’EDFOU.

Un des sujets les plus répétés dans le temple, c’est l’image d’un œil porté en offrande, ou placé en évidence. Mais remarquons, avant de passer à un autre objet, ces deux groupes formés par trois longues tiges de lotus, et placés aux deux angles du fond du portique, à droite et à gauche de l’avant-corps de la porte[1]. La tige du milieu est enveloppée par les circonvolutions d’un serpent ailé, qui pose sur le calice, et dont les ailes s’étendent vers la corniche voisine : ces ailes sont celles de l’épervier. Le petit espace qui sépare l’angle du portique d’avec l’avant-corps est parfaitement rempli par ces colonnes de lotus longues de douze mètres[2], et avec d’autant plus de goût et d’élégance, que les ailes du serpent chimérique occupent le vide plus grand qui résulte de l’inclinaison du cordon. Les Égyptiens ont excellé dans cet art d’ajuster entre eux les ornemens, de manière à balancer également les pleins et les vides, en les subordonnant toujours aux formes et aux conditions de l’architecture, et cela sans que jamais l’on y aperçoive la moindre gêne. Tout l’ouvrage qu’on publie prouvera la vérité de cette observation.

Ils n’ont pas moins excellé à combiner ensemble les parties de diverses figures d’animaux, pour en composer des êtres chimériques, exprimant sans doute la réunion des propriétés attribuées à chacune de ces figures[3]. Tantôt c’est un lion à tête d’épervier ou de belier (pl. 64), tantôt un épervier à tête de lion, de belier

  1. Voyez pl. 58, fig. 3 et 4.
  2. Trente-sept pieds.
  3. Dans l’Essai sur l’art en Égypte, j’exposerai les principaux exemples et les remarques les plus saillantes que fournit l’étude des monumens sous le rapport du dessin et du système de la décoration égyptienne.