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DE THÈBES. INTRODUCTION.

de leur architecture. Lorsqu’après avoir quitté les monumens, on veut se recueillir et se rendre compte de ce que l’on a vu, la mémoire, aidée de la réflexion elle-même, ne fournit que des idées confuses, et l’on reconnaît bientôt l’insuffisance d’un premier aperçu.

Ce n’est donc qu’en visitant souvent les mêmes monumens, ce n’est qu’après en avoir étudié les formes avec soin, que l’observateur se pénètre du caractère de gravité empreint dans tous des travaux de l’Égypte, et reconnait l’intention bien prononcée des fondateurs de rendre leur ouvrage indestructible.

Les sensations que fait éprouver la vue de Thèbes ne se communiquent pas seulement à ceux qui se livrent à l’étude des arts ; les magnifiques constructions de cette antique cité offrent des beautés d’un tel ordre, qu’elles attirent les regards des hommes que l’on croirait les moins propres à les apprécier. Ce sont comme de grands accidens de la nature, ou comme des phénomènes éclatans, qui, tandis qu’ils captivent l’attention des esprits accoutumés à observer, produisent encore sur la multitude les impressions les plus vives et les plus profondes. C’est ainsi que nous avons vu les soldats ; frappés d’abord d’un étonnement général à la vue de ces masses imposantes, se livrer bientôt avec ardeur à la recherche des plus petits ornemens qui les décorent.

Un voyageur arrivé près du monument qui fait l’objet de ses recherches, commence par prendre une idée générale de son ensemble, sans s’appesantir sur aucun détail. S’il est un lieu qui réclame du spectateur une attention particulière à suivre cet ordre indiqué par la nature,