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DE THÈBES. SECTION II.

tecture ; c’est alors qu’elle paraît vraiment grandiose et monumentale. Quoi de plus magnifique et de plus majestueux en effet, que ces masses colossales placées en avant de constructions plus colossales encore[1] ! Elles ne séduisent point par ce charme, cette grâce, ce mouvement, qui plaisent dans les statues des Grecs ; mais l’immobilité et la tranquillité de leur pose, ainsi que la régularité de leurs proportions, ont quelque chose de grave et d’imposant qui caractérise éminemment le peuple qui les a fait élever. On y retrouve la trace de quelques unes de ces grandes pensées qui dominaient les Égyptiens ; et ce qui n’avait d’abord semblé qu’un effort naissant de l’art, finit par en paraître une des perfections. Aucun peuple n’a mieux entendu cette sculpture extérieure qui, pour être en rapport avec l’architecture, doit être surtout monumentale.


§. ii. De l’exhaussement de la plaine de Thèbes.

En considérant avec attention les piédestaux des colosses du nord et du sud, il est facile d’apercevoir les traces que les inondations successives ont laissées de leur séjour sur la plaine de Thèbes : aussi ont-elles été remarquées de beaucoup de voyageurs, parmi lesquels plusieurs ont indiqué ces statues comme des espèces de nilomètres placés là, par les anciens Égyptiens, pour mesurer Les crues du fleuve. Cette opinion, qui paraît d’abord se présenter naturellement, est tout-à-fait inad-

  1. Voyez ce que nous rapportons ci-après du monument dont les deux colosses du nord et du sud faisaient partie.