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DE THÈBES. INTRODUCTION.

détacher de la montagne, transporter à une distance considérable, et établir sur leur base, des blocs qui pèsent chacun plusieurs millions de livres.

Quitte-t-il ces énormes statues pour regagner le chemin qui borde le désert, il arrive bientôt, à travers des débris, aux ruines vulgairement connues sous la dénomination de Memnonium. Des pylônes à moitié détruits, et dont la hauteur dut être considérable ; des colonnes élevées et d’un gros diamètre ; des piliers carrés, auxquels sont adossées des statues colossales de divinités ; des portes de granit noir ; des plafonds parsemés d’étoiles d’un jaune d’or sur un fond d’azur ; des statues de granit rose mutilées, et en partie recouvertes par les sables du désert ; des scènes guerrières sculptées sur les murs, et représentant des combats et des passages de fleuves, tout annonce un édifice de la plus haute importance. C’est le tombeau d’Osymandyas ; c’est le monument où ce roi conquérant s’était plu à surpasser tout ce qu’on avait exécuté avant lui de plus grand, de plus vaste et de plus imposant. On y voit encore des débris de la plus grande magnificence. Cet énorme bloc de granit étendu par terre, et qui est si colossal, que, pour en reconnaître les formes, il faut s’en éloigner à une grande distance, est le reste de la statue d’Osymandyas ; ce conquérant l’avait fait élever dans la vue de provoquer et de braver, pour ainsi dire, les plus hardis efforts, et il y avait fait grayer cette inscription fastueuse :

JE SUIS OSYMANDYAS, ROI DES ROIS,

SI QUELQU’UN VEUT SAVOIR QUEL JE SUIS ET OÙ JE REPOSE,

QU’IL DÉTRUISE QUELQUES-UNS DE MES OUVRAGES.