Page:Description du royaume du Cambodge, traduction Rémusat.djvu/103

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mais le nouveau roi, en ayant été prévenu, lui fit couper les doigts des pieds, et le tint en sûreté dans une prison obscure, où il le fit ensuite mourir. Alors, ne craignant plus rien de ses parens, il commença à sortir de son palais. Dans l’espace d’une année que j’ai été retenu dans ce pays, j’ai vu le roi sortir quatre ou cinq fois : la cavalerie marchoit en avant, avec les drapeaux, les bannières, les tambours, la musique ; derrière étoient les femmes du palais au nombre de trois à cinq cents, vêtues de toile peinte, avec des fleurs dans leurs cheveux, tenant à la main de grands cierges, et marchant en bataillon. Quoique ce fût en plein jour, les cierges étoient allumés ; il y avoit aussi des femmes qui portoient des vases d’or et d’argent du palais, divers ornemens, et d’autres choses dont l’usage ne m’étoit pas connu. Il y avoit aussi des femmes armées de lances et de boucliers, et qui forment la garde intérieure du palais, aussi rangées en bataillon. Il y avoit ensuite des chars traînés par des chèvres ; d’autres traînés par des chevaux, les uns et les autres enrichis d’ornemens d’or. Les grands officiers, les magistrats, les princes, tous montés sur des éléphans avec des parasols rouges qu’on apercevoit de loin, et dont on n’eût pu compter le nombre, précédoient la reine et les femmes du roi, avec leurs suivantes, les unes dans des palanquins, les autres sur des chars, ou sur des chevaux, ou sur des éléphans, ayant des parasols