Page:Description du royaume du Cambodge, traduction Rémusat.djvu/80

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n’ont pas plus de trois à cinq tchhi[1] ; alors les habitans reviennent pour les travaux de la terre, dont l’époque se trouve ainsi fixée : quand les grains sont mûrs, c’est l’époque de l’inondation ; l’espace où elle s’étend est celui que l’on cultive et où on fait les semailles. Dans les opérations d’agriculture, on n’emploie pas de bœufs, ni de charrue, ni de herse, ni de faucille, ni de houe, ni d’autres instrumens semblables. Quoique les grains qu’on sème ressemblent à ceux de la Chine, il y a des différences dans la manière de les cultiver. Les Cambogiens en ont une espèce qui vient dans les terrains bas sans qu’on la sème. Quand l’eau s’élève à dix pieds, l’épi la suit et se tient toujours à la même hauteur qu’elle. Ils ne font pas usage de fumier pour leurs grains ni pour leurs herbes potagères ; cela leur paroît malpropre et impur. Les Chinois qui sont venus s’établir dans ce pays ne pensent pas ainsi, et fument leurs terres comme on le fait en Chine[2] ; mais je crains que ce ne soit ce qui les fait mépriser.

Deux ou trois familles se réunissent pour creuser en commun la terre, et faire une fosse qu’on recouvre avec des herbes, et qu’on bouche quand elle est pleine, pour en refaire une autre ailleurs.

  1. Le tchhi est de 0,305 m. ; cinq tchhi font donc 1,525 m.
  2. C’est-à-dire avec des excrémens humains.