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le p’tit gars du colon

Une chaleur exquise l’attendait sur le seuil, un parfum de soupe au lard, — avez-vous jamais savouré ce régal ? — ce parfum-là remplissait la maisonnette. Et couchettes, et table et bancs, que sais-je ? tout un mobilier rustique qui mettait à l’aise.

L’homme fut ému. Ses enfants qui maintenant, tout étant préparé, souhaitaient son retour, virent son émotion et sa joie ; leurs petits yeux guetteurs suivirent son regard vers le crucifix, vers la statuette de la Vierge, et sur les fleurs blanches qui priaient toujours, et souriaient, et parlaient en silence de la chère morte. Ils devinèrent bien, les doux orphelins, que leur père songeait à elle, et qu’il se disait : c’est leur pauvre mère, heureuse dans son paradis, qui nous assiste. Ils virent une larme venir aux paupières de leur papa, mais lui, de sa rude main, la jeter vivement. Pourquoi ?… Il y a des larmes qu’il est si réconfortant de laisser couler.

Dans l’après-dîner — et ce dîner fut vraiment bon, le premier depuis longtemps, ce qu’on y causa joyeusement ! — on s’en fut explorer le chantier, partager le travail qui commencerait avec acharnement le lendemain. Tous en seraient. Il fallait qu’on parlât dans le grand chantier des Price du chantier Gaudreau, ceinturon !… et qu’on eût à la débâcle des glaces et des neiges, tou-