Page:Desforêts - Le p’tit gars du colon, 1934.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
9
le foyer nouveau

Petite ferme caressée d’une joie tranquille, qui grandira sous l’effort robuste.

N’y a-t-il pas l’exemple entraînant de ceux qui bûchent, qui labourent, qui sèment, qui moissonnent ?…

François Gaudreau et sa jeune épouse, Marie-Louise Boily, ont eu foi en des lendemains meilleurs.

Ils se sont mis à l’œuvre, bonnement, ne se doutant même pas de l’héroïsme de l’entreprise.

Trois mots remplissaient leur programme ; ils les savaient par cœur ; ils les trouvaient si naturels : entrer dans la forêt, « faire » de la terre, nourrir des profits du sol la famille qui naîtrait.

Depuis cinq ans, la tâche s’élaborait ponctuellement. Dieu merci, tout prospérait.

Parfois ils se redisaient leur histoire naïve…

∗∗∗

Un soir d’avril, ils s’en étaient venus dans la neige fondante, et par quels chemins d’alors, misère de misère ! Ils en rient encore.

La jument soufflait, s’enfonçait, brisait d’un coup traits et brancard, mais s’arrachait victorieuse, elle et son « quat’ roues », de cette glue printanière.

Puis, on s’était risqué sous bois, par ce tracé d’hiver où, gaillardement, glisse le traîneau, mais