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le foyer nouveau

Quelle joie du retour ! La fierté de la nouvelle heureuse : « La terre est prête pour les sillons de mai. Le petit logis aussi… »

Le bon garçon ! plus rien ne vint de la phrase commencée.

Quelle sève sensible sous l’écorce du paysan !

Le père avait souri malicieusement : « Là, là, mon fils, c’est bien. »

La mère ajoutait : « Dieu te bénisse, mon cher enfant. »

Une jeune voix entrait soudain : « François, François, que je suis contente ! »

Ils se mariaient dans l’allégresse des Pâques — Blanches, puis montaient, joyeux, un soir d’avril, vers le « home » nouveau, blotti sous la feuillée renaissante.

∗∗∗

Ah ! leur histoire naïve !

Ils se la redisent aux veillées intimes et se rappellent comment, à la « brunante », par un tiède crépuscule de mai, François revint de ses labours achevés, fatigué mais radieux :

— Femme, demain nous semons le premier blé sur notre lot.

Le matin de ce jour émouvant se leva dans la splendeur du renouveau canadien.

L’homme était sorti, serrant dans le sac en bandoulière, comme le diacre porte l’étole pour l’Eu-