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Page:Desforêts - Le p’tit gars du colon, 1934.djvu/24

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le p’tit gars du colon

re ; c’est un beau nom, n’est-ce pas ? demande la bonne mère.

— François ? Oui, c’est beau, prononce Aimé.

Théodule qui ne dit rien — songez, donc : pas seulement vingt-quatre mois — veut pourtant saluer le nichouet gentil, si peu de chose à côté de lui ! Le frais manège recommence : menues lèvres arrondies, petits yeux mi-clos, sur le front, ce pli têtu de l’effort — certainement il arrivera dans la vie, Dudule sifflote, escamotant la double consonne initiale, impossible, voyons, à son âge : « Ançois… Ançois… »”

Frrançois, rectifie l’aîné, roulant, sonore, le r de victoire : Frrançois, dis comme moi.

Et Dudule croit dire « François… » et répète : « Ançois… Ançois… »

Du poupon ligoté n’émerge qu’un tout petit visage cramoisi, juste assez ; d’espace pour que, se baissant drôlement — ils ne se sont pas vus — Aimé puis Théodule puissent l’effleurer de leurs bonnes lèvres chaudes.

∗∗∗

Scène de famille, scène délicieuse, faite de rien, faite de tout !

Joie si réelle des foyers dont la peur de l’enfant n’a pas éteint la flamme vive des vrais bonheurs.

Demain, la fête sera plus grande et la joie com-