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les premières leçons

ponne ! « Ho ! Ho !… arrête !… »

Au cher papa de rire : « marche ! marche ! Tiens-toi bien, mon petit homme !…

Voici la halte et le travail.

— Viens-t’en, mon petit garçon.

De ces hauteurs s’en venir ?

— Je peux pas tout seul.

Et si le papa ne tend pas les bras et fait mine d’aller sa route, un pleur dans chaque œil apprendra que le chagrin suit de près le bonheur.

L’azur brille après la pluie.

Les deux bras ouverts ont reçu l’enfant ; la grosse moustache paternelle égratigne la joue tendre et sèche les larmes.

Ah ! les bonnes rudes moustaches d’autrefois, perdues, si loin, dans les souvenirs d’enfance ; qu’on admirait, qu’on tiraillait aux heures nombreuses d’épanchement, grimpé sur les genoux du papa ; ou qui faisaient trembler à de certains jours néfastes, quand, de ces broussailles, sortait la voix grondeuse !

∗∗∗

Tiens… cette charrue renversée au seuil d’un sillon à creuser. François croit la relever d’une main, des deux mains, de tout l’effort des jeunes reins cambrés… Que c’est pesant, cette charrue que le père manie d’un bout du champ à l’au-