Page:Desforêts - Le p’tit gars du colon, 1934.djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
28
le p’tit gars du colon

se chauffe, l’hiver : le bois ne manque pas !… on va, l’été, sous les grands arbres, dans l’ombre, dans la fraîcheur.

— Les maringouins, maman, les vilaines mouches noires, les brûlots…

— Quelques sacrifices pour le bon Jésus… Vois-tu, les petits garçons des villes ont à souffrir bien plus.

— Vrai, maman ? La ville ?…

Il interroge, il ignore jusqu’à ce nom ; combien davantage les mystères de douleur, de honte et de ruines qui peuvent s’y blottir.

La sage mère l’initie, par degrés, à ce dont il faudra fatalement, quelque jour, redouter l’attirance.

Tant, qui ne savaient pas, se sont laissés prendre !

— La ville ? Écoute, mon petit François : des maisons entassées, hautes, brisant la vue ; sans forêts ni cultures ; sans chemins de belle terre ; presque sans firmament par dessus les têtes…

— Oh ! c’est triste…

— Sans firmament, ou du moins, il faudrait le chercher par les toitures et les cheminées. La pensée et l’envie n’en viennent pas.

— C’est donc triste, maman ?

— Oui, mon enfant chéri, triste, pas beaucoup, sans doute, pour ceux qui sont nés là-bas ; pour