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le p’tit gars du colon

vue distrayante en sa vie laborieuse que le paysage de ce lot désert… toutes s’en vont, une à une, ou par bandes atterrés, brusquement emportées par la tempête qui se déchaîne.

Même les pins et les cyprès et tous les résineux qui restent verts, deviennent quelque chose de terne : on sent que la vie s’est arrêtée, et que plus rien ne renouvelle, chaque matin, le coloris vif et souriant des branches somnolentes.

On a vu, par le petit châssis sans rideau qui voile le mystère des adieux, les hirondelles s’attrouper, se compter, plus nombreuses de toutes les couvées écloses… et disparaître.

Puis, lentement, ce fut le défilé sombre des corneilles, grandes ailes noires, les premières à venir au dégel : le printemps ! Quelle fête !… les dernières à s’en retourner quand tombe la neige : deuil et froidure, c’est l’hiver.

Et de tous ces départs de la verdure, des oiseaux, des belles journées claires, des aurores frémissantes s’ouvrant à l’ardent soleil, des lumineux crépuscules, des soirs de juillet qui sont une merveille de reflets et de paisible bonheur, des midis charmants de fin d’avril quand un souffle tiède fait tressaillir d’allégresse ; de la fuite de tout un passé qui maintenant ne sera plus jamais renouvelé, l’automne,