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la mort d’une mère

au firmament ; le voile opaque de brume et de pluie dérobait leur clarté. L’enfant s’en vint au lit de sa mère. Une voisine charitable gardait la malade. Une mèche s’agitait, près de s’éteindre, sur le rebord du châssis. Cela faisait une lueur blafarde, infiniment désolée dans la grande nuit noire.

La pluie battait la vitre. Il y eut tout à coup le cri sinistre du hibou. Petit François tremblait ; il n’avait peur, ni de ces ténèbres, ni des oiseaux nocturnes. La mort invisible qui s’approchait du lit où reposait sa mère, c’est elle qui faisait trembler l’enfant.

Il ne le savait pas.

Il vint tout près. Sa maman, les yeux ouverts, agitait la main… Que cherchait-elle sous la couverture ?

Le petit garçon le demanda, se penchant pour saisir la réponse faible :

— Ma petite croix…

C’était le crucifix de cuivre, souvent baisé, toujours gardé sur la couche, à portée de la main qui le caressait et lui disait, à sa façon, l’ardent amour et la résignation de la mourante.

— Ma petite croix.

L’enfant chercha, releva un peu la couverture ; un reflet jaune parut dans le rayon mobile du lampion : c’était l’objet retrouvé.

François le mit dans la main de sa mère ; celle-ci