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la mort d’une mère

pitoyablement sous la marche pesante et ne se relève plus.

Le glas se remet à gémir dans le clocher, mêlant son harmonie suppliante aux derniers psaumes des chantres, à l’oraison du prêtre. Des bouffées de vent, froides et humides, menacent de souffler la flamme des flambeaux. Voilà qu’ils s’éteignent. Un tremblement frileux saisit la foule.

Et quand les porteurs ont glissé lentement, par saccades inégales, le cercueil dans la fosse, petit François, tout pris d’une immense compassion, s’est approché de plus près, tout près, s’est penché vers la fosse, a pu voir le grand trou creusé dans l’argile ocre, et, là dedans, tout au fond, descendre et s’immobiliser pour jamais la lourde boîte fermée où l’on a couché sa mère. Vision rapide, inconsciente. Une main très douce, une main de femme a saisi sa petite main froide :

— Viens, mon enfant ; ne reste pas ici. Viens, ta maman… le ciel…

On l’entraîne…

Et la voix charitable qui lui parlait de sa maman, du ciel, n’a su continuer, coupée par un sanglot.