Page:Desjardins - Les Juifs de Moldavie, 1867.djvu/13

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sance des règlements de frontières, ou mieux, à l'infidélité des agents chargés de leur exécution. Quant à présent, contentons-nous de compléter, en insistant, le tableau qu'offre à l'étranger qui le parcourt ce beau et infortuné pays.

Pour éviter toute invasion illicite à l'avenir, il est de première nécessité de pouvoir constater l'identité des individus. Pour cela, deux moyens : l'inscription rigoureuse et régulière sur les registres de l'état civil lors de la naissance des enfants et de la naturalisation des étrangers ; et recensement scrupuleux fait par une commission composée des gens les plus honnêtes qu'il se pourra. En ajoutant à cela une surveillance active aux frontières on empêchera le mal de s'aggraver, et l'on atteindra promptement les vagabonds et les étrangers importuns. Or les registres de l'état civil sont une création récente encore, fonctionnant très-imparfaitement. De plus, les Juifs n'ont pas de noms individuels assez distincts, assez variés, pour qu'ils ne puissent échapper souvent à tout contrôle. Il leur arrive en outre, lorsqu'ils se sentent inquiétés, ou qu'ils se déplacent pour leur négoce, de changer de nom en passant d'une ville dans une autre. Leur costume et leur physionomie uniformes ajoutent encore à la difficulté d'appliquer la loi. Ils se défient d'ailleurs instinctivement de tout ce qui ressemble à un enrôlement, à une inscription quelconque.

Ils ne veulent pas envoyer leurs enfants aux écoles nationales, et allèguent la religion et la tyrannie qu'il y aurait à imposer à ces enfants une autre langue que leur jargon allemand. Ils ont donc des écoles à eux dans toutes les villes. J'ai pu constater cependant un progrès rapide sous ce rapport à Botusani et à Bordijéni ; là j'ai vu des enfants Juifs aux écoles primaires chrétiennes, et des écoles juives où l'on