Page:Desjardins - Les Juifs de Moldavie, 1867.djvu/20

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pas cette propriété. Il existe, au contraire, des dispositions ministérielles tolérant les contrats qu'on déclare prohibés ; tant il est vrai qu'on fait taire ou parler la loi et les règlements suivant les besoins de la cause ou les dangers de la situation.

Mais ce qu'il faut savoir pour juger une semblable mesure, c'est que les Juifs en ce pays sont un instrument dont les partis hostiles au gouvernement, et dont le gouvernement lui-même sont amenés à se servir. Le mécontentement populaire, l'irritation des sujets roumains contre Israël créent un danger permanent que le prince placé à la tête de l'Union a pour devoir de conjurer sans cesse.

L'opposition des boyards dont l'ambition a été déçue ; les manœuvres offensives, — défensives peut-être, — des États voisins pour empêcher l'union moldo-valaque de réagir sur les peuples de même race et d'aspirations conformes aux siennes en Transylvanie et en Bukowine ; les convoitises de telle autre puissance ; l'impatience agitatrice des journalistes ou professeurs moldaves, empressés de jouer un rôle libéral- et de se rendre populaires en prenant l'initiative de la guerre contre les Juifs ; toutes ces causes réunies, tous ces intérêts contradictoires expliquent la circulaire qui avait pour but de calmer l'irritation du peuple roumain, en donnant satisfaction à ses rancunes ; de prévenir peut-être un massacre, de déjouer les manœuvres ambitieuses en ôtant tout prétexte à une guerre civile et religieuse dont les partis, boyards et étrangers, espéraient profiter ; d'enlever enfin aux coryphées du parti libéral la popularité dangereuse que leur rôle de persécuteurs, ou tout au moins d'adversaires déclarés des Juifs, leur assurait dans le pays.

La religion n'avait certainement aucune part dans la me-