Page:Desjardins - Les Juifs de Moldavie, 1867.djvu/22

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remarquera que cette circulaire ne spécifie rien contre les Juifs vagabonds. Le ministre, étant alors à Jassy, compléta ses ordres écrits par des instructions verbales à la Primarie (mairie). Une promesse a été faite, stipulant que des notables Israélites entreraient dans la commission extraordinaire d’enquête, qui devait être nommée à l’effet de délibérer sur les voies et moyens d’exécution. Cette promesse avait été faite, chose grave, en présence des trois consuls d’Autriche, de Russie et d’Angleterre

Or les manœuvres des partis et le mauvais vouloir empêchèrent cette commission, d’ailleurs extra-légale, de se constituer à temps avec des éléments non suspects. Le ministre partit, et la Primarie désigna trois hommes connus par leur hostilité, leur rancune personnelle et leurs intérêts de négoce en concurrence avec ceux des Juifs. De là des clameurs, dès peintures exagérées dans les récits envoyés au Comité Israélite et à la presse occidentale : ce sont des familles entières proscrites, des milliers de Juifs chassés de leurs foyers, sans pain, et retraçant les scènes déchirantes de la captivité de Babylone. Or nous nous sommes procuré avec peine, et de la main des Juifs eux-mêmes, les pièces authentiques du procès, en les soumettant par conséquent à un contrôle sévère, dont d’ailleurs elles pouvaient se passer, car elles sont d’une scrupuleuse exactitude. Nous les avons sous les yeux.

Les arrestations ont été faites dans les rues et dans les maisons depuis le 4 jusqu’au 16 mai.

Les victimes désignées peuvent être réparties en quatre catégories : 1° ceux que l’on force à repasser la frontière ; ils sont au nombre de 37. Ce ne sont pas, il faut le dire à la charge de la commission, des vagabonds, car ils exerçaient tous une profession : ce sont des courtiers, des voituriers, des tailleurs,