Page:Desjardins - Les Juifs de Moldavie, 1867.djvu/24

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autre ordre d'idées et de moyens que ceux qui ont été tentés par M. Bratiano,

Il est nécessaire que les inscriptions soient faites avec soin sur les registres de l'état civil ; que la frontière soit sévèrement protégée contre les invasions nouvelles, et si l'on pouvait découvrir des cerbères d'une incorruptible probité, ce serait ceux-là même qu'il faudrait employer.

Il faut, à tout prix, purifier les quartiers pauvres ; s'opposer à l'entassement malsain des Israélites dans des maisons inhabitables, empêcher la sordide épargne qui compromet la santé publique; offrir aux Israélites nécessiteux les campagnes à cultiver et non à exploiter ; leur donner le paysan Roumain pour frère et non pour serf, pour compagnon de travail et non pour instrument d'exploitation.

Il faut ouvrir aux Israélites les écoles nationales et leur fermer les écoles spéciales ; leur faciliter l'accès des hôpitaux de la commune et de l'État, et leur offrir des soins intelligents et gratuits, au lieu de les laisser mourir dans des établissements malsains où ils ne trouvent qu'une lente agonie. Il faut qu'ils soient soldats à leur manière, et portent dans les régiments leur industrie et leurs ressources : qu'ils soient tailleurs, cordonniers, cuisiniers des armées. Il faut que l'Israélite renonce, dans son intérêt même, à une coutume qui le désigne trop comme étranger : il faut qu'il enseigne le Roumain à ses enfants. En retour, l'État ou la Chambre doivent, dès à présent, effacer de la loi cette disposition surannée, qui exclut de la propriété de la terre le Juif parce qu'il est Juif, disposition qui empêche M. de Rothschild et M, Crémioux de devenir propriétaires fonciers en Roumanie, lorsque cette faculté est accordée aux autres Français, leurs égaux et leurs frères.